Charançon rouge Une lutte de masse pour stopper le ravageur des palmiers
La Communauté d'agglomération Var-Estérel-Méditerranée en appelle à une action coordonnée et nationale dans l'objectif d'assurer son éradication.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
En novembre dernier, près de cent représentants de communes, collectivités et organismes de la région Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur), mais aussi d'Espagne et d'Italie, ont participé à une réunion et à des ateliers thématiques orchestrés à Saint-Raphaël (83) par la Communauté d'agglomération Var-Estérel-Méditerranée (Cavem). Cette dernière y a présenté les premiers résultats positifs de l'action engagée l'année dernière sur son territoire (*) contre le coléoptère nuisible Rhynchophorus ferrugineus.
Des premiers résultats plutôt positifs
La solution adoptée, intitulée Arecap (Action en réseau pour l'éradication du charançon rouge et l'assainissement des palmiers), consiste à traiter un maximum de palmiers par injection de benzoate d'émamectine (**), commercialisé sous la dénomination Revive (Syngenta agro SAS), afin de réduire massivement la population de ravageurs en 3 ans. Le protocole s'appuie sur les conseils scientifiques de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). Un traitement préventif au tarif négocié (72 euros TTC par palmier et par an) est proposé aux propriétaires de palmiers adhérant à l'opération pour une période triennale (inscription sur www.cavem.fr). Un flyer expliquant le plan Arecap a été diffusé auprès de la population.
Coordonné par le service environnement de la Cavem, un groupe de travail suit l'évolution de l'insecte sur le territoire grâce à un dispositif associant SIG (Service d'information géographique), photos aériennes et Google MyMaps. De juin à novembre 2016, 18 000 arbres ont été recensés et 2 993 traités, dont 570 sur le domaine public. Près de 5 000 charançons ont été neutralisés grâce aux 70 pièges à phéromones posés sur les 5 communes. « L'hécatombe de 2015 est désormais placée sous contrôle (...). Loin des ac-tions dispersées, et inefficaces, le plan Arecap démontre une faisabilité territoriale qui doit permettre de généraliser des actions de lutte de masse partout en France. »
Un courrier au ministre pour demander une réunion technique
Les ateliers thématiques du 17 novembre ont permis d'échanger sur l'harmonisation et l'organisation des stratégies d'action. Selon la Cavem, la lutte ne peut être viable qu'en coordonnant massivement et simultanément l'action Arecap à une échelle régionale, nationale et même internationale. Un courrier a été rédigé à l'attention du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, pour demander l'organisation d'une réunion technique rassemblant tous les acteurs concernés et ayant pour but la généralisation d'une lutte de masse à application immédiate. Les élus et responsables signataires du courrier se sont engagés à appliquer les mesures établies en contrepartie d'une aide des services de l'État dans le pilotage de leur mise en oeuvre, avec notamment le respect par tous de l'obligation de traitement définie par l'arrêté du 21 juillet 2010 modifié en 2012, 2013 puis 2014. En 2016, les pertes de palmiers sont supérieures à 25 % dans les communes qui n'ont pas respecté leurs obligations réglementaires de traitements préventifs, souligne la Cavem. Les coûts directs d'abattage (jusqu'à 1 500 euros par palmier) et de remplacement des sujets (plus de 5 000 euros pour un palmier de 5 m replanté) tués par le ravageur s'élèvent à plusieurs centaines de millions d'euros sur le seul littoral méditerranéen français. Conséquence des attaques du charançon rouge, plus de la moitié des palmiers du Var ont disparu. Originaire du sud-est de l'Asie et signalé pour la première fois en France en 2006, le coléoptère Rhynchophorus ferrugineus se propage rapidement d'arbre en arbre et provoque la mort de ses hôtes. La femelle pond jusqu'à 300 oeufs en creusant la base des palmes. Les larves se nourrissent des fibres du stipe, provoquant des dégâts au coeur de la partie supérieure du palmier et la mort du sujet lorsque le bourgeon terminal est atteint.
Valérie Vidril
(*) Créée le 1er janvier 2013, la Cavem rassemble plus de 110 000 habitants au sein de ses cinq communes (23 400 hectares) : les Adrets-de-l'Estérel, Fréjus, Puget-sur-Argens, Roquebrune-sur-Argens et Saint-Raphaël. (**) Il s'agit d'une des trois stratégies préventives définies par l'arrêté du 21 juillet 2010.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :